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GIEE de l'Autunois : un cap pour demain !

Engraisser à l'herbe dans l'Autunois, c'est possible !

Groupes de travail

Le groupe technique "herbe" du GIEE (Groupement d’intérêt économique et environnemental) de l’Autunois s’est retrouvé un matin autour d’une thématique porteuse de sens en ce moment : l’engraissement à l’herbe. Le groupe s’est rendu avec Véronique Gilles de la Chambre d'agriculture de Saône-et-Loire, chez Jean-Michel Gevrey puis chez Thomas Brusson à Dracy-Saint-Loup pour échanger autour de ce sujet technique.

Entre le 15 mars et le 1er avril, Jean-Michel Gevrey a lâché huit vaches de réforme et six génisses de deux ans sur 6.5 ha divisés en quatre paddocks. Avec la pousse de ce printemps, 1.70 ha ont été ensilés puis ré-intégrés dans le pâturage tournant. Les vaches et les génisses ont ainsi eu à disposition 43 ares par EVV (équivalent vache veau).

La complémentation a commencé le 1er mai avec une ration à 20 % de MAT, soit 2/3 de céréales-protéagineux et 1/3 de mélange de tourteaux. Jean-Michel a augmenté progressivement la quantité distribuée pour atteindre 6 kg.

La durée d’engraissement des vaches avec cette conduite va de 100 à 120 jours.

Pour la prochaine campagne, Jean-Michel souhaite passer de quatre à six paddocks sur cette parcelle, avec un système de clôtures démontables pour mieux s’adapter au climat de l’année.

Pour un pâturage tournant serein
Véronique Gilles a rappelé au groupe quelques fondamentaux : diviser sa parcelle en minimum cinq paddocks afin de limiter le risque de dépassement par la pousse de l’herbe ; rester cinq jours maximum par parcelle et ne pas faire pâturer en dessous de 5 cm pour ne pas compromettre la repousse de la prairie. L’enjeu de l’ombre est primordial pour le bien-être des animaux, tout autant que le positionnement du point d’eau. Le chargement de chaque parcelle est à adapter à la pousse, qui peut aller quasiment du simple au double suivant les années.

L’un des enjeux du pâturage tournant est d’arriver à faire manger les épis : soit au premier tour de pâture, soit au second juste après l’atteinte des 500° de la somme de températures, (soit le 22 avril à Autun cette année). Cela permet de limiter les refus au maximum et de relancer le tallage. La plupart des graminées des prairies permanentes ne remontent pas à épi : les repousses sont feuillues, et de bonne qualité.

Faucher les refus
L’un des secrets de cette conduite est de faucher les refus au démarrage de second ou troisième tour de pâturage : idéalement avec une faucheuse à 7 cm de hauteur de coupe. Les avantages sont nombreux : à faire environ un à deux jours avant le départ des animaux pour une autre parcelle, cela permet aux bovins de consommer les refus fauchés (chardons et orties compris !). Ce passage de faucheuse est plus rapide et moins coûteux que le gyrobroyeur, moins impactant pour la prairie, et permet aux bonnes graminées étouffées par les refus de repousser.

Pour engraisser à l’herbe avec le moins de concentrés possible, il faut lâcher idéalement des vaches avec une Nec (Note d’état corporel) de 2.5. Ce lâcher peut se faire courant mars avec un faible chargement pour assurer la transition alimentaire. Quand on lâche tôt, cela permet de « brider » la pousse et d’en limiter l’explosion qui a souvent lieu fin avril, comme cette année. Il convient alors de faire tourner les animaux un peu plus vite pour ne pas épuiser les réserves de l’herbe.

Véronique Gilles rappelle qu’un kg de MS d’herbe ingérée apporte un minimum de 0.8 UFV au bovin. Les meilleures croissances s’obtiennent avec une hauteur d’herbe comprise entre 6 et 9 cm (source Ferme expérimentale de Jalogny). Les prairies permanentes sont idéales pour cette conduite, grâce à la diversité de leur flore et à la moindre précocité de leurs graminées.

Si une complémentation en concentrés est nécessaire, l’idéal est de ne la commencer que mi-mai, voire début juin suivant la pousse d’herbe de l’année.

Enfin, suivant la qualité de la prairie et le temps dont on dispose, un engraissement 100 % à l’herbe est possible. « On ne fait jamais assez confiance à l’herbe » estime Véronique Gilles. Des croissances de 1.200 g tout à l’herbe sont pourtant régulièrement constatées chez les éleveurs qui ont adopté cette pratique.